La pandémie aura eu pour effet, lorsque le travail le permettait, d’opérer une conduite du changement radicale en un week-end : la Saint Patrick, sous l’égide de son trèfle magique, restera dans les mémoires comme le jour où l’impensable s’est concrétisé sans détour.
Les générations Y et Z, fruits du développement exponentiel du numérique et des nouvelles technologies, faisaient déjà couler de l’encre depuis quelques années : si le travail reste essentiel à leur yeux, comment leur laisser la place nécessaire à leur épanouissement personnel ? Quelle clef imaginer pour répondre à leur soif d’autonomie, de mobilité, alliant performance et bonheur au travail ?
Certes, même si le télétravail n’était pas totalement inconnu des entreprises françaises, sa normalisation était encore sujette à de nombreux freins : comment généraliser sa mise en place, garantir une performance au moins égale, maintenir la motivation et l’efficacité de ses collaborateurs, réinventer le management et le suivi des compétences à distance, repenser l’esprit d’équipe, éviter la dispersio… Autant d’arguments qui semblaient recevables et dont la pertinence nécessite du temps, de la culturation d’entreprise.
Ce temps n’a pas eu le loisir de se laisser attendre ; il s’est imposé auprès de millions de français, et avec succès, malgré des conditions un peu particulières liées au confinement et à la scolarisation à domicile puisque 64% des collaborateurs qui l’ont pratiqué aimeraient largement l’introduire dans leur mode de fonctionnement à l’avenir, la proportion allant jusqu’à 80% chez les 25-34 ans, les fameuses générations Y.
Qu’ont-ils donc apprécié ? S’ils n’ont pas souffert de perte de liens sociaux, ils ont probablement recréé une unité de vie. « On a tendance à séquencer les moments de vie comme des moments d’état distincts or la vie est une » rappelle très justement Julia de Funès, philosophe du travail qui souligne par ailleurs que « les études montrent que les gens travaillent mieux en télétravail qu’au bureau, ils sont moins dispersés, ils sont moins dérangés, ils sont moins soumis à de l’info obésité, c’est une libération psychologique, quand on est chez soi en peignoir dans sa chambre on est très concentré sur son écran alors que quand on est dans les open space et flex office on est toujours obligé de montrer qu’on travaille, tout est visible, tout est vu ; cette représentation permanente occupe, accapare une partie de l’esprit, ce qui explique entre autres pourquoi le télétravail est très efficace… Le télétravail agit comme un tamis, on ne voit que la performance, on ne peut pas faire semblant, on n’est pas dans de la représentation ».
Authenticité, efficacité, unicité…et si le bien-être au travail était tout simplement cela ? Il ne s’agit évidemment en aucun cas d’imaginer l’exclusivité du télétravail car « l’homme est un animal social » dont la réalité ne peut se forger sur du virtuel et c’est cette capacité à poser soi-même le temps et le contexte de la relation qui lui donne toute sa richesse. A chacun, selon son métier, sa capacité à faire du télétravail, ses contraintes personnelles, de prendre la responsabilité d’organiser son temps et son lieu de travail pour créer cette harmonie intérieure tout en maintenant une cohésion d’équipe.
Cela demande moins de restructurer l’entreprise que de faire évoluer sa culture en y réintroduisant la confiance, l’autonomie, le goût du résultat et le sens de la responsabilité. Si le télétravail exige du collaborateur une certaine discipline, il va totalement révolutionner le management car le nombre d’heures passées au bureau et/ou en réunions ne sera en rien signe de performance ou de respectabilité.
Un processus long mais nécessaire pour accompagner ce qui a été implémenté par le biais de force majeure mais qui va profondément impacter nos modes de vie, notre habitat, nos objectifs professionnels en y intégrant différemment et peut-être mieux le respect de notre vie privée. Le portage salarial il y a 20 ans, en proposant un statut hybride qui permettait à l’entrepreneur d’être à la fois libre de la gestion de son temps, de ses honoraires, de son développement tout en bénéficiant d’une protection sociale riche, était finalement le prémisse de ce changement de civilisation.
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Comment le portage salarial répond au nouvel écosystème du travail